Suspendu au gibet, en plus de la dérision, il affronte la dernière tentation : la provocation à descendre de la croix, à vaincre le mal par la force et à montrer le visage d’un Dieu puissant et invincible. Jésus, au contraire, précisément ici, au faîte de l’anéantissement, révèle le vrai visage de Dieu, qui est miséricorde. Il pardonne à ceux qui l’ont crucifié, il ouvre les portes du paradis au larron repenti et touche le coeur du centurion. Si le mystère du mal est abyssal, la réalité de l’Amour qui l’a transpercé est infinie, parvenant jusqu’au tombeau et aux enfers, assumant toute notre souffrance pour la racheter, portant la lumière aux ténèbres, la vie à la mort, l’amour à la haine.
La manière d’agir de Dieu peut nous sembler si lointaine ; lui, il s’est anéanti pour nous, alors que même nous oublier un peu nous-mêmes nous paraît difficile. Il vient nous sauver ; nous sommes appelés à choisir sa route : la route du service, du don, de l’oubli de soi. Puissions-nous emprunter cette route en nous arrêtant ces jours-ci pour regarder le Crucifié ; c’est la « Chaire de Dieu ». Je vous invite à regarder cette semaine cette « Chaire de Dieu », pour apprendre l’amour humble qui sauve et qui donne la vie, pour renoncer à l’égoïsme, à la recherche du pouvoir et de la renommée. Par son humiliation, Jésus nous invite à marcher sur sa route. Tournons le regard vers lui, demandons la grâce de comprendre au moins quelque chose de ce mystère de son anéantissement pour nous ; ainsi, en silence, contemplons le mystère de cette Semaine.
Pape François (Rameaux 2016)