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« C’était encore les ténèbres. » Avec une précision de métronome, Saint Jean décrit une scène étrange. Le début fait logiquement suite au drame de la passion. La mort de Jésus, à quelques minutes de l’ouverture du sabbat et de la fête de la Pâque, avait perturbé les rites funéraires. Marie-Madeleine vient fidèlement les compléter.
Mais voilà qu’à son grand étonnement, elle constate que la pierre du tombeau est roulée. Les ennuis continuent. Jésus pourra-t-il reposer dans la paix ? Non : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
C’est un tout autre événement qui va se greffer sur le constat morbide fait par Marie-Madeleine. Il ne peut être perçu que par les apôtres dont le cœur et la vie ont été préparés par le Christ lui-même pour en faire l’expérience.
La révélation est extraordinairement douce, humble, discrète. Pierre et Jean n’avaient pas oublié les scènes d’horreur et de souffrance de la passion. Ils étaient là maintenant devant un tombeau vide où tout était bien rangé, comme est bien rangée une demeure que l’on quitte pour ne plus jamais y revenir.
Dans les ténèbres, dans le silence, dans le vide, dans l’absence, Jean perçoit une extraordinaire présence. Tout son être s’éveille à cette certitude. Le Christ est vivant. Il sait maintenant, alors que « jusque-là, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »
Nous traversons les ténèbres répandues par un bien méchant coronavirus. Et nous voici, à notre tour, devant le tombeau vide. Avec Pierre et Jean, nous entrons, nous voyons et nous croyons. Là où nous pensons trouver la mort, la vie nous attend. Elle nous était promise, elle nous est donnée.
Dieu ne veut pas, Dieu ne peut pas enfermer dans la mort les membres de l’humanité qu’il ne cesse jamais de faire vivre de son Amour. Notre foi nous redit, ce matin, que l’Amour obstiné de Dieu viendra toujours à bout des obstacles, des pauvretés, des faiblesses, des lâchetés, des blessures dont sont capables les êtres humains. Ils s’enferment si souvent dans les tombeaux qu’ils se creusent. Avec le Christ, ils sont appelés à en sortir vivants.
Notre foi nous fait déjà voir et elle nous donne une vie plus forte que tout, plus forte que la mort elle-même. Cette réalité est encore voilée, mais elle se révèle quand nous suivons et imitons le Christ qui a affronté tous les travers et les handicaps de l’humanité.
Regardons bien. Le Christ ressuscité se reconnaît dans les multiples signes de générosité, de dévouement, de sacrifice qui sont aujourd’hui donnés par tant de professionnels ou de bénévoles qui, dans l’épreuve, luttent pour que la vie triomphe de la mort. Ils nous disent à leur façon qu’avec le Christ nous sommes déjà ressuscités et que nous vivrons éternellement.
Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !
+ Jean-Paul Jaeger évêque d’Arras