Nous contemplons, dans ce récit de la genèse de ce dimanche, la source de notre existence : l’amour, la relation entre l’homme et la femme. Nous sommes tous issus de cette différence. Sans elle, l’homme serait resté dans sa suffisance ennuyeuse. Grâce à elle, il devient père d’une multitude. L’humanité est en marche. Cette différence est le fondement de notre humanité.
Cette différence doit être encore aujourd’hui accueillie comme un don, une richesse et non comme une contrainte.
Mais l’homme moderne voudrait décider de lui-même le sens de son existence au lieu de le recevoir. Il perçoit dès lors sa vie et sa propre humanité comme un fardeau dont il veut se libérer et non comme un don. Il ne trouve de joie que dans le dépassement de ses limites. Chaque « victoire » en appelle une autre et qu’importe le prix. Mais au terme du chemin se trouve la suffisance, et avec elle, la tristesse et le désespoir, et cette impression amère que l’on n’est jamais vraiment rassasié. Où va-t-on s’arrêter? L’homme se prend de plus en plus pour Dieu.
Dans cet état d’esprit, l’homme politique se révèle plus prompt à écouter les revendications des uns et des autres qu’à contempler le monde et ses merveilles. Il finit donc par agir dans l’intérêt immédiat au lieu de prendre du recul. Il préfère donner raison à ces revendications plutôt que d’avoir le souci du bien commun et de la justice. Sans intériorité, la vocifération militante, pour obtenir ce que l’on n’a pas, pèsera toujours plus aux yeux du politique que la beauté présente de l’existence, de la nature, du bien et de la justice. La bataille éthique autour de la question de la procréation médicalement assistée est bien lancée. Il est bon que tout chrétien comme citoyen y prenne part (chacun selon ses moyens) dans le désir de promouvoir le bien commun. Cependant, au-delà du débat politique, un enjeu plus profond se joue : celui de donner une âme contemplative aux hommes. Ne prenez pas cette dimension de la vie humaine à la légère. Faites de vos familles des écoles où l’on apprend à contempler, à se réjouir de sa propre humanité.
Car, là où il n’y a pas d’âme, le bien ne saurait demeurer.
Père Bryan SULTANA