Plus on prend de l’âge, plus on a de recul. Mais plus on a de recul, plus les choses que l’on connaissait ont la fâcheuse tendance à disparaître dans les sables du temps. Le pire dans ce processus concerne ce qui touche notre sensibilité religieuse : nos habitudes rituelles, nos coutumes, nos codes. Je n’ai pas encore un demi-siècle, mais déjà il me semble que l’Eglise de mon enfance est bien loin de celle dont aujourd’hui je suis membre.
Dans ce changement perpétuel des choses, et en particulier ce qui touche à notre sentiment religieux, il faut bien distinguer le noyau de la foi d’une part, et, d’autre part, ses expressions extérieures. Le noyau lui, est immuable. Mais les manières dont cette foi immuable est exprimée sont soumises au développement de la compréhension de la foi elle-même et aux aléas du temps, de l’histoire et des cultures.
On a souvent l’impression que chaque catholique devrait pratiquer sa foi comme dans notre église à Calais. C’est oublier que même dans notre Eglise catholique il y a des peuples et des cultures très différents. C’est une preuve que la foi unique peut s’exprimer de manière diverse en fonction des époques et des lieux. On compte aujourd’hui dans le monde entiers 25 Eglises de rites différents qui toutes appartiennent à l’Eglise catholique.
Cette réalité a une incidence pour nous à Calais. Si l’expression de la foi est en lien avec la culture et l’époque, il peut arriver des moments où , au contraire, nos rites, nos manières de faire, nos fonctionnements sont à réadapter pour devenir plus lisibles, plus audibles par nos contemporains. Pour beaucoup de ces éléments, c’est à la hiérarchie de faire les adaptations prudentes. Mais toute une part peut être rendue plus contemporaine de manière concrète et localement. C’est une exigence missionnaire, il nous faut adapter nos « langages » pour que l’Evangile soit entendu;
Abbé Louis-Emmanuel Meyer