Le pain eucharistique nous change, car il est changé lui-même. Il n’est plus lui, mais il en garde ses forces naturelles : nourrir, reconstruire notre corps, réchauffer. Nous serons sauvés par l’eucharistie pain offert pour devenir Corps du Sauveur. Notre société elle-même qui vit du pain, sera transformée par ce pain nouveau qui unit et relie.
Ce pain nouveau, n’est plus celui qui endort l’homme dans une dépendance confortable instaurée par le Politique. Un pain pop-corn, un pain allié aux jeux pour asservir la conscience. Le pain nouveau édifie un « corps de résistance, le Corps du Christ. Ce corps est un corps blessé, brisé par les puissances et les princes de ce monde, et répandu en une offrande de sang sur cette terre dévastée. Mais c’est aussi un corps ressuscité, le signe de l’incroyable irruption du Royaume de Dieu dans le temps historique. La présence bouleversante du Christ-Roi dans la politique du monde ».
Le pain offert pour l’eucharistie, vient transformer nos corps mais aussi le monde qui subtilise Dieu pour le remplacer par lui-même. Le pain eucharistique, signe de la réalité du Christ total ressuscité sauve le monde qui étouffe l’individu dans son « tout » globalisant. À l’inverse du mondialisme, chaque hostie contient le monde, sa forme ronde en est une traduction symbolique. Par la communion à ce pain nouveau, chaque fidèle est relié au « tout » du monde sauvé mais il garde son individualité personnelle.
Lorsque la mondialisation fabrique : elle imite, abaisse et falsifie en transformant. Le pain offert à la messe, lui, est une transformation de l’homme qui ne renvoie pas à une réalité dépréciée mais à l’Éternel. L’eucharistie est l’anti-mondialisation dans le seul signe du pain consacré.
Abbé Louis-Emmanuel Meyer.