Chaque mois, la conférence des évêques de France réalise un focus sur un diocèse. Au mois de novembre, ce fut le tour du diocèse d’Arras. Plusieurs aspects de notre diocèse ont ainsi été mis en valeur dont les jeunes hospitaliers. Voici leur temoignage.
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Très vite après les apparitions de la Vierge Marie à Bernadette en 1858, Lourdes est devenu un lieu de pèlerinage, aujourd’hui fréquenté par des millions de personnes. Chaque année, des milliers de personnes participent aux voyages proposés en juin et en août par le diocèse d’Arras. Parmi eux se trouvent des personnes âgées ou handicapées accompagnées par l’Hospitalité diocésaine, association dont font partie Pierre Deveaux, Augustin Gedda, 25 ans, et Pierre-Marie Debacq, 28 ans. Entretien avec des jeunes hospitaliers passionnés.
Pouvez-vous présenter brièvement les Jeunes hospitaliers ?
Plusieurs hospitaliers et hospitalières du diocèse d’Arras se mettent en route avec les malades, chaque année, lors du pèlerinage à Lourdes. Nous formons une grande famille où chacun se connaît et se sent accueilli. Par ce service, nous répondons à l’appel du Christ : « J’étais malade et vous m’avez visité … Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ses petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 35-41). Durant le pèlerinage d’août, une trentaine de jeunes (15-30 ans) constituent le groupe des Jeunes hospitaliers. La jeunesse apportée est un vrai dynamisme pour l’hospitalité.
Quelles sont les missions des uns et des autres lors d’un pèlerinage à Lourdes ?
Cela se fait en fonction des possibilités de chaque personne. Du plus petit au plus âgé, aucune place au sein de l’hospitalité n’est inutile. Rendre service à Lourdes passe par différents aspects : accompagner les personnes aux offices ou aux processions, les aider à prendre les repas, à faire leur toilette, partager avec eux des moments de convivialité (chants, goûter …), les écouter. Les plus jeunes vont pouvoir aider nos frères et sœurs pèlerins malades dans le service de restauration au cours des différents repas. Ils vont pouvoir donner de l’eau durant les célébrations. Ils vont également les aider pour les déplacements dans différents moments de la journée. C’est le « service du roulage ».
Après deux ou trois ans de service au restaurant ou au roulage, nous aidons en chambre. Il s’agit d’aider les malades qui en ont besoin pour le lever, la toilette, le coucher… C’est un service différent que celui proposé aux plus jeunes, mais il est tout aussi nécessaire. Nous entrons alors dans une démarche d’écoute et de profond respect de l’intimité de la personne. Durant le pèlerinage, nous apportons également une écoute et une présence auprès des pèlerins malades dans des temps informels. Des hospitaliers s’occupent également de la formation et de l’accueil des nouveaux. Ce temps de formation nous apprend à avoir les bons gestes et les bonnes paroles au service des malades.
Alors que le pape François insiste beaucoup sur les relations avec les ainés dans la foi, quel lien entretenez-vous avec la génération précédente ?
Nous retenons de notre expérience au sein de notre hospitalité que chaque personne a sa place et que la différence d’âge est un atout car chacun apporte ce qu’il est autour de lui. Le pape François, lors de son discours d’ouverture du synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le 3 octobre 2018 à Rome, disait que « la rencontre entre générations peut être extrêmement féconde et en mesure de générer l’espérance ». Oui, cette rencontre est très féconde et nous le voyons bien à Lourdes au sein de l’hospitalité. Les personnes plus expérimentées ont la sagesse de l’âge, elles nous apprennent beaucoup. Nous, nous avons la jeunesse et nous leur apportons beaucoup également. Nous goûtons la parole du prophète Jérémie qui disait que les jeunes et les vieux se réjouiront ensemble. C’est cela l’esprit de l’hospitalité diocésaine. Tous, nous nous mettons ensemble au service de nos frères et sœurs malades. Tous, avec eux, nous formons une grande famille. On vit des moments forts dans la cité mariale. On n’en revient jamais le même dans nos lieux de vie quotidiens. Des liens forts se créent à Lourdes et demeurent bien après.
Comment êtes-vous parvenus à redonner de l’élan à l’hospitalité, à redynamiser le pèlerinage ?
Le synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel met en évidence la place des jeunes dans l’Église. Il met également en avant le fait de leur donner des responsabilités. Au sein de l’hospitalité diocésaine d’Arras, nous sommes trois jeunes qui avons la « responsabilité » des jeunes hospitaliers durant le pèlerinage d’août. Nous essayons d’animer ce groupe au sein de l’hospitalité : temps de connaissance, temps de catéchèse, temps de prière, temps de veillée, temps de jeux… Un noyau dur s’est créé et chaque année nous avons le plaisir d’accueillir de nouveaux jeunes hospitaliers. Notre volonté est également de créer une dynamique entre ces jeunes. Par ces différents temps de rencontre, ils se connaissent de mieux en mieux et cela se ressent dans l’ensemble des services et au sein de l’hospitalité. Leur bonne humeur est communiquée. Nous essayons de proposer de nouvelles choses au sein de l’hospitalité avec notre « jeune vision ». Non pas pour faire du jeunisme, mais pour rajeunir l’hospitalité.
Dans son homélie de la messe de l’ouverture du synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le pape François disait que « L’espérance nous interpelle, nous déplace et rompt avec le conformisme du “on a toujours fait ainsi” ». Nous ne souhaitons pas tout changer au sein de l’hospitalité, car un héritage nous est confié. Cependant, nous proposons de nouvelles choses pour éviter d’être dans la routine de pèlerinage en pèlerinage, d’année en année. Le groupe des jeunes est une force pour mener de nouveaux projets. Nous avons par exemple proposé cette année un espace de convivialité. Au cours des moments plus calmes du pèlerinage, dans une salle, les personnes pouvaient venir prendre un rafraichissement et un goûter. Des animations étaient proposées dans ce lieu également : chants, jeux, loto…
Pourquoi avoir fait le choix d’utiliser les moyens de communication actuels comme les réseaux sociaux ?
Ils nous permettent de véhiculer différentes informations à un large public, notamment les jeunes. Nous avons créé une page Facebook pour que chaque personne puisse suivre les actualités des jeunes hospitaliers. C’est également un moyen de nous faire connaître par des photos, des textes, des vidéos… En août 2018, durant le pèlerinage, chaque matin, nous animions un « temps de radio » avec le programme de la journée et quelques anecdotes. Nous faisions en même temps un direct sur Facebook. Nous avons également essayé de mettre des photos en direct des moments forts du pèlerinage : messe à la grotte, engagement des hospitaliers et hospitalières, photo de groupe… De nombreuses personnes qui n’avaient pu se rendre à Lourdes nous ont remercié pour ces publications Facebook. Cela leur a permis d’être un peu avec nous et de vivre le pèlerinage d’une manière différente. Nous avons pu également communiquer auprès de personnes ne connaissant pas Lourdes. Cela s’est vu sur notre page qui a eu 40% de mentions « j’aime » supplémentaires lors de notre dernier pèlerinage. Nous utilisons donc les réseaux sociaux comme moyen de transmission de ce que nous faisons, d’évangélisation, et d’appel à d’autres jeunes à nous rejoindre.
Est-il difficile de convaincre les jeunes d’aller en pèlerinage à Lourdes ?
Non, sauf peut-être par rapport au coût du voyage… Chaque jeune désire aujourd’hui s’engager. Par nos différentes actions, nos différents moyens de partage via les réseaux sociaux, les témoignages que nous véhiculons autour de nous, nous sommes tout à fait capables de montrer ce que nous vivons à Lourdes. Notre expérience et nos joies vécues à Lourdes permettent de transmettre un sentiment, une émotion à celui qui ne connait pas Lourdes. Il faut que les jeunes se laissent porter. Il faut oser suivre ses amis, oser faire le pas pour accomplir son premier pèlerinage qui sera le premier d’une longue série. C’est un peu comme Obélix, une fois tombé dedans, on y repart ! Chacun vit son pèlerinage différemment, se forge sa propre expérience mais nous vivons une expérience commune, celle de l’hospitalité, du service auprès des malades. Par notre groupe des jeunes hospitaliers, nous nous investissons pour que les jeunes puissent se sentir écoutés, accueillis comme il se doit au sein de notre hospitalité. Nous invitons tous les jeunes à faire l’expérience d’être hospitalier à Lourdes un jour. N’ayez pas peur de donner de votre temps. Vous verrez, on reçoit beaucoup plus ! Mère Teresa disait que l’on a un cœur pour aimer et des mains pour servir … à Lourdes, cela se vérifie. Venez, et vous verrez. (Jn 1, 39)
Propos recueillis par Tiphaine Malfait