Est-ce-que j’écoute la voix du Seigneur qui parle humblement, ou est-ce-que je place mon propre intérêt avant le Royaume de Dieu ? C’est le sens principal de la première prédication des exercices spirituels de Carême du père franciscain Giulio Michelini. Devant 74 membres de la Curie, dont le Pape François, tous réunis cette semaine à Ariccia, il a invité son auditoire à se poser quelques questions sur sa propre vie spirituelle. Pour cela, il est parti de la « confession de Pierre et le chemin de Jésus vers Jérusalem » dans l’évangile de Matthieu.
Comment prenons-nous nos décisions ? C’est la question centrale que le père Michelini pose. Pour y répondre, il part de la figure de Pierre et de la tradition rabbinique. Pierre reconnait que Jésus est le Messie par révélation. De là, le prédicateur suggère que le Père a parlé non seulement via son Fils, mais aussi via Pierre à son Fils. Jésus, certes, révèle sa vocation, mais il accomplit certains gestes grâce à la sollicitation des autres. Il laisse beaucoup d’espace aux rencontres. Selon la tradition hébraïque, explique le père Michelini, Dieu continue de parler aux hommes de manière particulièrement humble, comme au travers de la voix des enfants et des fous. Sa communication est semblable au murmure d’un vent léger.
Autre point soulevé par le père Michelini devant les membres de la Curie : le retrait apparent de Jésus après avoir appris l’arrestation de Jean le Baptiste et les menaces des pharisiens à son encontre. Ce retrait stratégique, considère le père franciscain, n’a pas pour but de s’arrêter. Au contraire, après s’être retiré, Jésus accomplit des actes concrets, annonce ainsi le Royaume de Dieu et guérit les malades.
Pour enrichir son discours, le père Michelini fait référence à Hanna Arendt et à la banalité du mal, établissant un parallèle entre la manière dont les nazis parlaient de leurs crimes et la manière dont Jean-Baptiste a été tué sur ordre d’Hérode. Il mentionne également le rabbin Hillel parce que Jésus continue sa mission en assumant toujours plus de responsabilités jusqu’à ce qu’il arrive à Jérusalem, fin de son parcours.
Le père franciscain se demande ainsi si nous avons le courage de suivre Jésus Christ, acceptant nous aussi de porter la croix, tout en annonçant la résurrection et la joie, malgré les épreuves.
Tratto dall’archivio della Radio Vaticana